Les Origines de Ngoulemakong – Sud Cameroun
Ce récit est tiré d’un document datant du 23 mars 1964 et écrit par Monsieur Pierre BELINGA, descendant direct du Grand chef BELINGA EKORO, et premier Maire de Nationalité Camerounaise, Nommé Maire de la commune rurale mixte de Ngoulémakong par décision N°6478 du 1er octobre 1955.
Au milieu du 19e siècle, nos ancêtres habitaient encore au-delà des rives du fleuve Sanaga, Au lieu nommé « Nditam ». Ils durent rester là plusieurs années, incapables de traverser ce fleuve gigantesque et dangereux, mais toujours hantés par ce dessein ambitieux.
Un jour, de manière mystérieuse, un serpent qu’ils appelèrent »NGANG-MEDZA » leur offrit l’occasion miraculeuse de traverser le fleuve et rejoindre l’autre rive.
Pendant la traversée, une torche ardente fut mise en contact avec la partie saillante du serpent, ce dernier se déroba instantanément sous leurs pieds, emportant avec lui dans le fleuve plusieurs de nos ancêtres. Suite à cet incident, plusieurs d’entre eux restèrent de l’autre coté jusqu’à ce jour. Ceux qui réussirent à traverser s’installèrent au bord du fleuve qu’ils venaient de traverser et appelèrent leur village « BIBIN ».
Quelques temps après, pourchassés par le grand chef Manguissa du nom de KOULNGOUNDA, ils émigrèrent et vinrent fonder un nouveau village dénommé NKOM entre le fleuve Sanaga et le fleuve Nyong.
Les Origines de Ngoulemakong – Sud Cameroun
Après avoir réussi à traverser le Nyong, ils émigrèrent encore et vinrent s’installer dans un nouveau village appelé AKOALOUI, près de Metet par Mbalmayo. Après quelques années dans ce village, ils déménagèrent pour venir fonder un nouveau village à Mbeka’a près de la rivière FALA.
Pendant ce temps de trêve, ils apprirent que les NGOUMBA (MEKOUK) habitant le coté ouest possédaient beaucoup de richesses à la suite de leurs fréquents contacts avec les blancs. Nos aïeux, aussi belliqueux que les autres, décidèrent de s’en approcher, et au besoin, de s’y installer. Un problème demeurait cependant. Où passer? Car, à une douzaine de kilomètres de là, habitait une tribu tout autant belliqueuse qui vivait de représailles: les TSINGA. Ces derniers malmenaient tous ceux qui essayaient de se diriger vers Kribi ou qui en revenaient. Courageusement, ils décidèrent d’aller combattre les Tsinga dans leur village appelé à l’époque MENGBWA’A.
Après une lutte acharnée et sans merci avec des lances, nos ancêtres sortirent vainqueurs et chassèrent les premiers occupants les Tsinga.
Dès lors, ils s’installèrent définitivement au village Mengbwa’a ainsi ravi aux Tsinga. Ils l’appelèrent en l’occurrence « Ngoulémakong », c’est-à-dire: « FORCE DES LANCES ».
Plusieurs décennies après, un combat s’engagea entre le grand chef AMOUGOU BA’ANA et les soldats de HAUPTMAN VON STEIN, commandant le poste militaire de Lolodorf. Ceci à la suite de l’assassinat du Sir MEDZA M’EVINA par la section de DJENKOLOH.
La guerre devenant atroce, les soldats allemands étant techniquement mieux organisés et mieux outillés, AMOUGOU BA’ANA, sans armes ni munitions, s’enfuit et alla trouver refuge sur la piste BILONE-MINKOK à la hauteur du kilomètre 12 d’Ebolowa.
Mis au courant du danger que courait le pays, le grand chef BELINGA EKODO de Ngoulémakong dépêcha son frère MVONDO NGABESSALA à la rencontre d’AMOUGOU BA’ANA à l’effet de lui intimer l’ordre de cesser la guerre avec les Allemands. Au même moment, il demanda au commerçant allemand DUNCKORST, installé peu avant à Ngoulémakong d’écrire en son nom une lettre au commandant des troupes d’occupation en pays Bané.
Dans la lettre, il invitait ce dernier à venir à Ngoulémakong pour signer un traité de paix. Ce qui aboutit quelques temps plus tard à la pacification du pays Bané.
Les Origines de Ngoulemakong – Sud Cameroun
Après la réussite de la réconciliation opérée par le chef BELINGA EKODO, et pour l’encourager, HAUPTMAN VON STEIN le nomma OBER HAUPTING et plaça les Bané de l’Ouest, du Sud-ouest et de l’Est sous ses ordres. Il promit en outre ce jour là, la création d’une subdivision administrative à Ngoulémakong.
Avant que la guerre ne fît rage en pays Bané, des allemands, tels, le lieutenant MONGET avaient déjà élu domicile à Ngoulémakong avant d’aller s’installer à Ebolowa. Mr PILZ grand commerçant créa quant à lui les plantations d’hévéa qui entourent la ville. Ils construisirent également des grandes maisons d’habitation au style allemand dans la ville.
Grâce au travail laborieux des populations ainsi qu’à leur comportement exemplaire, Ngoulémakong fut érigé en poste administratif par arrêté n°223 en date du 26 novembre1953. Quelques années plus tard, Ngoulémakong en arrondissement par le décret N° 62/DF/345 Du 17 – 09 – 1962
D’après le document « La formation de la race BANE » écrit par le patriarche André AMOUGOU MANGA en 1937 que j’ai eu l’insigne honneur de parcourir, La traversée de la Sanaga s’est faite à Elig-Nkoulou. La race Bané tire son nom de cette traversée. Car « Bene » signifie « ceux qui donnent le passage ». Le courageux ancêtre issu de la race « BENDZOB », qui découvrit ce passage et qui œuvra pour que nous traversions s’appelait OWONO KODE. On l’appela par la suite « NNE BODO », qui signifie « Celui qui donne le passage aux hommes ». Il deviendra finalement le fondateur de la race BANE.
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